Émile Zola – La Curée 2/20

Saga des Rougon-Macquart

Paris, début de l’année 1852, Aristide Rougon arrive dans la capitale avec sa femme Angèle et sa fille Clothilde. Son fils, Maxime, est resté à Plassans. Il a l’ambition furieuse de devenir riche et pour y parvenir, il sollicite son frère Eugène, alors député. A la mort d’Angèle, par l’intermédiaire de sa sœur Sidonie, également installée à Paris, il se remarie avec Renée Bréaud du Châtel. Grâce à la fortune de cette dernière, Aristide voit la possibilité d’atteindre son unique objectif : être riche et puissant.

« Puis elle songea au coup de baguette de son mariage, à ce veuf qui s’était vendu pour l’épouser, et qui avait troqué son nom de Rougon contre ce nom de Saccard, dont les deux syllabes sèches avaient sonné à ses oreilles, les premières fois, avec la brutalité de deux râteaux ramassant l’or ; il la prenait, il la jetait dans cette vie à outrance, où sa pauvre tête se détraquait un peu plus tous les jours. » P.9

Dans ce deuxième tome, Emile Zola nous a écrit un plaidoyer sur toute la période de spéculations et d’emprunts faits pour les embellissements et l’assainissement de la ville de Paris. C’était une volonté de l’Empereur Napoléon III de moderniser cette ville à l’image de Londres. Le préfet de la Seine fut chargé de cette tâche : le Baron Georges Eugène Haussmann. Ces travaux, faits, à coup d’expropriations, de spéculations de petits bourgeois affairistes, d’emprunts à tout va, laisse la ville avec une dette colossale (2,5 milliard de franc de travaux), dont le dernier remboursement se fera en 1910.

« La transformation de Paris, continua M. Toutin-Laroche, sera la gloire du règne. Le peuple est ingrat : il devrait baiser les pieds de l’Emperreur » P.13

Le second thème est l’inceste. Maxime est arrivé à Paris, après le second mariage de son père. Sa première rencontre avec Renée laisse entrevoir une relation ambigüe. Au fil des pages, le rapprochement physique devient inévitable.

« Ce joli jeune homme, dont les vestons montaient les formes grêles, cette fille manquée, qui se promenait sur les boulevards, la raie au milieu de la tête, avec de petits rires et des sourires ennuyés, se trouvait être, aux mains de Renée, une de ces débauches de décadence qui, à certaines heures, dans une nation pourrie, épuise une chair et détraque une intelligence. »P. 91

Dans « la Curée », j’ai retrouvé plusieurs membres de la famille Rougon.

Eugène Rougon, le fils aîné de Pierre et Félicité, est installé à Paris. Il n’a pas encore atteint son but. Il demande à son frère Aristide de patienter et d’accepter le travail à l’hôtel de ville, qu’il lui propose. Les arguments employés montrent déjà la perfidie de cette famille. Eugène devient ministre au cours du roman et il ne veut surtout pas être compromis par un membre de sa famille.

« Cependant le ministre se retirait. Il s’excusa de ne pouvoir attendre la belle Mme Saccard pour la complimenter sur la grâce parfaite de la nymphe Écho. Il venait de faire trois ou quatre fois le tour du salon au bras de son frère, donnant quelques poignées de main, saluant les dames. Jamais, il ne s’était tant compromis pour Saccard. »P.130

Aristide Rougon, dit Saccard, est un homme froid, calculateur. Il ne veut pas d’entraves pour réussir à sustanter son appétit insatiable d’or.

« …; une femme et un enfant lui semblaient déjà un poids écrasant pour un homme décidé à franchir tous les fossés, quitte à se casser les reins ou à rouler dans la boue. »P.23

Grâce à son emploi à l’hôtel de ville et aux relations qu’il s’est faite au cours des années, il commence à entrevoir la possibilité d’obtenir une fortune colossale. Mais pour cela, il lui faut de l’argent. Cet homme n’hésitera pas un instant à dépouiller sa femme Renée pour arriver à ses buts.

« Vers le commencement de 1854, Saccard lui confia qu’il avait en vue plusieurs affaires, mais qu’il lui faudrait d’assez fortes avances. » P.28

« Il jouait donc d’autant mieux la gêne devant sa femme, que ses affaires s’embrouillaient davantage. Il n’était pas homme à se confesser par amour de la vérité. » P.80

Sidonie Rougon, la soeur de Pierre et Aristide, vit également à Paris. Elle joue les entremetteuses, les confidentes sous la façade d’une vendeuse de dentelles. Elle est perfide, sournoise. Elle est également rancunière lorsqu’on la met en difficulté.

« Elle ne parlait jamais de son mari, pas plus qu’elle ne parlait de son enfance, de sa famille, de ses intérêts. Il n’y avait qu’une chose qu’elle ne vendait pas, c’était elle ; non qu ‘elle eût des scrupules, mais parce que l’idée de ce marché ne pouvait lui venir. Elle était sèche comme une facture, froide comme un protêt, indifférente et brutale au fond comme un recors. » P.29

Maxime Saccard, est un jeune homme, qui se laisse porter par les occasions, que la vie lui procure. Il est un peu efféminé dans ses manières et ses choix vestimentaires. Il vit aux crochets de son père (dépendance financière). C’est un jeune homme soumis, et pourtant il sait ce qu’il veut. Il vit une passion frénétique avec sa belle-mère Renée, femme délaissée par son mari, pendant quelques temps. Et pour un mensonge de Renée, cette relation incestueuse prend fin. Cette rupture, lui permet d’épouser Louise de Mareuil pour sa dot. Il semble, sur ce point, être aussi vénal que son père.

« Ce joli jeune homme, dont les vestons montraient les formes grêles, cett fille manquée, qui se promenait sur les boulevards, la raie au milieu de la tête, avec de petits rires et des sourires ennuyés, se trouva être, aux mains de Renée, une de ces débauches de décadence qui, à certaines heures, dans une nation pourrie, épuise la chair et détraque une intelligence. » P.91

A certains moments, j’ai repensé à Adélaïde Fouque. Les comportements et les traits de caractère de Renée m’ont fait pensés à elle. Je dois dire que j’ai vu un parallèle entre l’état émotionnel de Renée et la montée en puissance de Saccard. Ajouter la pièce de théâtre « Phèdre » pour la bascule vers l’inceste et le mythe de Narcisse, c’est bien joué de la part d’Emile Zola.

A bientôt pour un nouvel océan de mots….

😉 Notes

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