
Avant de commencer cette chronique, je vous souhaite une merveilleuse année 2022 avec tout le bonheur du monde !
Quart de couverture :
A Nagoya, ils étaient cinq amis, inséparables. L’un, Akamatsu, était surnommé Rouge ; Ômi était Bleu ; Shirane était Blanche et Kurono, Noire. Tsukuru Tazaki, lui, était sans couleur. Puis Tsukuru a gagné Tokyo. Un jour, ils lui ont signifié qu’ils ne voulaient plus jamais le voir. Sans raison. Pendant seize ans, celui qui est devenu architecte a vécu séparé du monde. Avant de rencontrer Sara. Pour vivre cet amour, Tsukuru devra entamer son pélerinage et confronter le passé pour comprendre ce qui a brisé le cercle.
J’ai découvert Haruki Murakami avec la trilogie 1Q84. J’ai retrouvé son style pointilleux et précis dans la description des émotions humaines avec « L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage ». D’ailleurs deux autres romans m’attendent sagement pour un peu plus tard….
Les deux questions que je me posais étaient : pourquoi incolore ? Et que représentent les années de pèlerinage ? Pour la première, la réponse me fut livrée assez rapidement. Dans le groupe des cinq lycéens dont fait parti Tsukuru, quatre ont un patronyme se rapportant à une couleur alors que notre personnage principal, lui a un nom, qui fait référence au verbe bâtir. Pour la seconde, j’ai mis un moment à comprendre qu’il s’agissait des années passées à ne pas avoir le courage de savoir pourquoi il avait été évincé du groupe, qu’il formait avec ses quatre amis de Nagoya.
Il ne le compris que plus tard, mais ce fut exactement à ce moment-là que Tsukuru Tazaki cessa d’aspirer sérieusement à la mort. […] Et quand le jour se leva, tous ces jours sombres qui s’étaient écoulés durant ces cinq mois, au cours desquels il avait vécu à proximité du néant de la mort, il sut qu’ils étaient derrière lui. – p53/54, Chapitre 3.
L’auteur nous invite à partager l’intimité d’un trentenaire, solitaire et qui semble comme transparent, vide d’aspirité, d’âme. Tsukuru nous est présenté comme une personne, qui vient de traverser une longue période de désespoir, n’aspirant qu’à la mort et rien d’autre. Et pourtant, je me suis attaché à ce personnage car il avait bien des choses à nous révéler tout au long des chapitres.
Tout d’abord, il y a la renaissance physique de Tsukuru, première étape annonciatrice de grand changement. Puis vient une amitié avec Haida, un étudiant et sa rencontre avec Sara. Cette jeune femme, dont il est amoureux, le pousse à aller chercher les réponses à ses questions auprès de ses amis d’autrefois.
C’est à partir de ce moment, que les changements psychologiques dans le raisonnement de Tsukuru apparaissent. L’auteur nous jette en pâture le chemin qu’entreprend cet homme afin d’obtenir les réponses pour fermer définitivement ses blessures, qui ne cessent de saigner. Aller de l’avant et continuer de mettre des mots, comme un baume sur une plaie, est en quelque sorte un besoin impérieux pour Sara comme pour Tsukuru, afin d’envisager une relation amoureuse plus intime que de brèves rencontres de temps à autre.
Notre trentenaire doit recevoir un enseignement : un de ceux que la vie nous donne pour obtenir une sorte d’apaisement et de compréhension de nos maux du passé et du présent.
[…]Bien entendu, tout n’était pas merveilleux. Il éprouvait dans le même temps un douleur dans la poitrine, il se sentait oppressé. Des craintes sombres le faisaient frissonner. Mais cette douleur elle-même était devenue une part importante de son amour. Il ne voulait pas perdre ce sentiment qui l’habitait à présent. Peut-être ne rencontrerait-il plus jamais une telle chaleur. Mieux vaudrait qu’il se perde de nouveau lui-même. – p354, Chapitre 19.
Je suis un peu déçue de ne pas avoir de réponse quant au devenir du couple Tsukuru / Sara. Mais cela n’est pas important au final. Seule l’évolution de Tsukuru l’est. Par son truchement, Haruki Murakami nous donne une leçon sur la vie. Il nous invite à parcourir le chemin tortueux de la quête des réponses aux questions que nous nous posons. Il nous enseigne qu’il n’y a pas de souffrance sans vie et pas de vie sans souffrance.
Je conseille ce livre plein de vie même si de prime abord on ne le pense pas.
A bientôt pour un nouvel océan de mots
😉, Notes.
Traduit du Japonais par Hélène Morita
Titre original : Shikisai o Motanai Tazaki Tsukuru To, 2013
Éditions Belfond, collection 10/18, 2014
ISBN 978-2-264-06617-6
[…] Haruki Murakami : l’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage […]
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