
Quart de couverture :
Poornima a tout juste seize ans. Après la mort de sa mère, comme toutes les Indiennes de son âge, elle attend que son père lui choisisse un mari. Mais lorsqu’elle rencontre Savitha, jeune femme indépendante et débordante de joie, son horizon s’ouvre enfin. Le village ne lui paraît plus aussi étouffant. Peut-être même, se dit-elle, qu’une autre vie existe, au-delà d’un mariage arrangé…
Une vie, pas un enfer. Car Savitha, victime d’un acte d’une cruauté extrême, doit prendre la fuite.
Bouleversée, Poornima laisse tout derrière elle pour partir à la recherche de son amie. Son périple l’amènera aux Etats-Unis, dans l’univers abject de la pègre indienne de Seattle. C’est là qu’elles se retrouveront et affronteront l’esclavage sexuel, les mutilations, la captivité.
Courageuses, déterminées, elles n’oublieront jamais l’espoir qui les anime. Et finiront par vaincre le pire de la société des hommes
« J’irai te chercher jusqu’au bout du monde » pourrait être une histoire vraie. Six parties composent ce roman : la première concerne Indravalli. Le lecteur découvre les villageois et plus particulièrement deux jeunes filles, issues de deux castes différentes, qui tisseront des liens d’amitié indéfectibles. Les autres parties, nous livre la survie de Poornima puis de Savitha. Au fur et à mesure, que l’histoire se développe, nous découvrons la culture indienne ou du moins une partie. Il y est facile de deviner la place de la femme dans ce pays. Nous partageons également la vie au quotidien des gens, les coutumes et les usages ancestraux tels que le mariage arrangé.
« A quinze ans, Poornima, désormais en âge de se marier, cessa d’aller à l’école des sœurs. Elle prit l’habitude de s’installer devant le Charkha, le rouet, dès que les travaux ménagers lui en laissaient le temps. » – p13 Chapitre 1, Indravalli.
Poornima, l’une des deux héroïne, se trouve devant le fait de devoir se marier avec un homme qu’elle n’a jamais rencontré et d’aller vivre dans un autre lieu où elle ne connaît personne. Elle sait déjà, que les choses ont changé depuis la fuite de Savitha.
« Poornima émergea doucement du sommeil en clignant des paupières et lança autour d’elle un regard misérable et incrédule, avant de découvrir Savitha dans la même position que la veille, à peine protégée par un mauvais drap. » p83 Chapitre 8, Indravalli
Le lecteur se trouve plongé dans la deuxième partie, avec Poornima mariée et méprisée par sa belle-famille. Une famille qui lui reproche de ne pas avoir d’enfants, lui reproche que son père ne paie pas l’entièreté de la dot, lui reproche l’échec du mariage arrangé de sa belle-sœur. Seule la benjamine semble n’avoir aucun sentiment de haine envers elle. On voit progressivement les maltraitances augmenter jusqu’au moment où tout bascule de nouveau.
« Au milieu de la seconde année de mariage de Poornima, le harcèlement vira à la franche hostilité. Il ne se passait pas un jour sans qu’elle reçoive une gifle, qu’on la houspille ou qu’on la force à demander pardon (pour des broutilles, quelques gouttes de thé renversées par terre) »p126 Chapitre 6, Poornima
Nous laissons Poornima à Vijayavada comme comptable pour Guru, pour revenir sur Savitha dans la troisième partie. Cette jeune femme droguée de force, est maintenant une prostituée. Elle veut partir mais ne trouve pas encore l’occasion de le faire. Nous plongeons un peu plus loin dans la pègre indienne et découvrons que ce réseau s’étend absolument partout. Savitha, mutilée pour plaire à un acheteur potentiel, finira par quitter cette ville pour Seattle où elle sera amenée à faire des ménages et subir les assauts des hommes qui la gardent captive.
« Elle en conclut qu’il fallait qu‘elle se montre plus prudente. Beaucoup plus prudente. Le ciel parut en convenir : la pluie tombait plus dru, l’air s’était alourdi. » p227 Chapitre 8, Savitha
La quatrième partie nous ramène vers Poornima, qui échafaude un plan pour retrouver Savitha. Il faut qu’elle se montre prudente, patiente et endurante. Surtout que sa façon de voir les choses a évolué et qu’elle est prête à se battre pour sa cause et à relever tous les défis qu’elle rencontrera sur sa route. Et ce n’est pas une chose facile, dans un pays où la femme n’a aucun droit, où la femme est complètement dépendante de l’homme.
« Ne vois-tu donc pas que nous n’avons jamais été protégées ? Ni de la pluie, ni de rien du tout. Et toi, tout ce que tu as trouvé à faire, ça a été de te blottir sous cet arbre qui ne se souciât absolument pas de notre sort. Comme si, pour nous armer face à la pluie, face à mon père et à tout le reste, il suffisait qu’on se serre l’une contre l’autre. Comme si, face à la pluie, au destin, à la guerre, à nous deux, on faisait le poids. »p288 Chapitre 4, Poornima
Nous abandonnons Poornima dans la cinquième partie pour revenir sur Savitha. Elle a fini par trouver le moyen de fuir et est parti en direction de New-York, le seul endroit où elle pense trouver de l’aide. Le voyage en bus s’annonce long et périlleux. Savitha ne parle pas beaucoup l’anglais et de ce fait ne comprend pas toujours les indications qu’on lui donne. Elle fera de belles rencontres mais aussi des rencontres dangereuses. Cette partie se termine sur une Savitha hébétée, sans espoir.
« Mais, parmi tout ce qu’elle avait perdu, ce qu’ils lui avaient pris, c’était le vol du sari de Poornima qui lui faisait le plus de mal. » p333 Chapitre 4, Savitha.
La sixième et dernière partie est rapide et efficiente. Poornima tente le tout pour le tout et obtient de son geôlier le droit de partir à la recherche de Savitha avec lui. C’est une course contre la montre, mais pourtant Poornima croit qu’elle pourra rattraper son amie et enfin pouvoir la tenir dans ses bras.
« – Ce n’est pas possible…, souffla-t-il. Poornima sourit. » p346 Chapitre 2, Poornima
Pour ce premier roman, je trouve de Shobha Rao s’est bien tirée d’affaire dans cet exercice. Cependant, il manque un peu de chaleur, peut-être est-ce dû au fait qu’elle ait été avocate avant ? J’ai ressenti des lenteurs dans la première partie, qui nous dépeint le village natal des deux personnages féminins mis en avant. J’ai eu beaucoup de mal à continuer la lecture, toutefois je l’ai fait et j’ai eu raison d’avoir cette persévérance. Finalement, j’ai eu dans les mains, si je puis m’exprimer ainsi, le destin de deux femmes indiennes, qui n’ont jamais oublié leur amitié et qui seront prêtes à faire les sacrifices nécessaires pour survivre et pour se retrouver.
A bientôt pour un nouvel océan de mots…
😉, Notes
Traduit de l’anglais US par Michèle Albaret-Maatsch et Dorothée Gieux
Éditions XO, 2020
ISBN 978-2-37448-204-0
[…] Shobha Rao : J’irai te chercher jusqu’au bout du monde, l’histoire de deux femmes indiennes de l’Inde jusqu’à leur retrouvaille aux […]
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